What would you do before leaving Earth for a year?

[Version française plus bas]

I was asked many times how I felt about being isolated for a year. I wish I had a deep and subtle answer to that but, to be honest, I haven’t have time to think about it.

The last two weeks were a succession of two kinds of moments. First, preparation work. Between finishing research projects, leaving my flat in Rome and driving to Paris, writing project proposals, getting a year’s worth of lab supplies in the dome, managing partnerships, answering media, having kilograms of paper sheets filled in by American, French and Italian administrations, ensuring that I had all I need for a year and the like, there was no shortage of tasks. Then, there were the last times. Some for good, some for a year. My last day in the lab, my last joke in Italian (pathetic; be careful with puns in languages you just learned), my last walk in the streets of Paris, the last meal with my family, the last time I saw my friends, the last call to someone who matters. These last times were quite time-consuming, too. For instance, close friends came to Paris for a farewell drink, starting a few hours before sunset. We were talking, joking, reviving old memories and sharing recent ones, dancing and, soon – after what felt like two hours – the sun rose.

Switching from one kind of moment to another gave a peculiar rhythm to those weeks. The first kind was mostly about running around with each hand on a different task, living in accelerated motion and drinking coffee by the liter. The second one was about experiencing a wide panel of feelings within distorted time frames: hours that felt like minutes, and moments where every second yielded a distinct memory.

And now I am in a plane to Hawaii and, for the first time in days, my thoughts have time to wander. So, how do I feel about isolating myself for a year?

Let’s start with the fact that I will have no direct contact with my friends and family, as the memories of goodbyes are fresh in my head. In a way, this situation is not fully new. My projects lead me to different places around the globe; HI-SEAS will be home to me for longer than any other place since I started college. But this time, there isn’t the option to jump in a plane. There will be no phone call. When coming back, I will be even more of a foreigner in all cities I have lived in. People will have changed, been through important moments – some will be married by then, some will have started companies and careers, and round bellies will have turned into first children. An interesting side effect of spending years abroad: wherever you go next – even in the city you grew up – you will be a foreigner.

Then, there is the excitement. I am about to live peculiar year. I will work for a cause which is, I think, the most meaningful I can pursue as a scientist. And I will do so while being surrounded by like-minded and fascinating people, with a lifestyle that I have never experienced before. Then, I don’t know how my psychology will be affected. This whole experience was not designed for no reason. I am not expecting any catastrophe, as we were carefully selected for our abilities to withstand this kind of situation. But the way we think may change over time, to an unknown extent. I am very curious about it and will observe myself. It may be so progressive that I will not realize it, but maybe you will notice that my writing is evolving? There are many other things to be excited about, of course. We will meet – although not all of them in person – many people including top-notch scientists, driven entrepreneurs, and all the dedicated people who volunteered to be part of the mission support team. Those will dedicate many hours, every week, to making sure we are safe, productive and happy. Then, I am very curious about future results from our research projects. Those we designed, and those in which we will have the humbling role of guinea pigs. The latter kind will offer opportunities to use very unusual technologies.  And, finally, there are all the things we planned to learn during our free time. We might have to reduce the list if the mission is not extended by a decade or two, but our current ambitions include learning how to speak a new language (in my case, Russian), draw (trust me, work is needed before I can compete with a 5-year-old), play an instrument (harmonica, ukulele or guitar?) and dance salsa. So, yes, I am excited.

Next week will be the last week before closing the dome. Training will be intensive, as we have much to learn about habitat maintenance, geology field work, opportunistic research projects and others. But we will also enjoy pleasures we will not have access to in the dome: eating fresh food, hiking in nature, swimming in the sea…

What would YOU do in your last week before a year-long isolation?

 

 

Version française – Que feriez-vous avant de quitter la Terre pour un an?

On m’a demandé à multiples reprises ce que je ressentais à l’idée d’être isolé pendant un an. J’aimerais avoir une réponse profonde et subtile à cette question mais, pour être honnête, je n’ai pas eu le temps d’y penser.

Ces deux dernières semaines ont été une succession de deux types de moments. Premièrement, le travail de préparation. Entre terminer des projets de recherche, quitter mon appartement à Rome, regagner Paris en voiture, mettre des projets au point, faire envoyer du matériel de laboratoire dans le dôme, finaliser des partenariats, répondre aux médias, faire remplir des kilogrammes de paperasse par diverses administrations américaines, françaises et italiennes, m’assurer que j’avais tout ce qui fallait pour un an, et autres choses du même ordre, je ne manquais pas de tâches pour garder mon esprit occupé. Ensuite, il y avait les dernières fois. Mon dernier jour au labo, ma dernière blague en italien (pathétique ; attention aux jeux de mots dans une langue que vous venez d’apprendre) ma dernière promenade dans les rues de Paris, le dernier repas avec ma famille, les derniers moments entre amis, le dernier coup de téléphone à quelqu’un qui compte pour moi. Presqu’autant que les travaux de préparation, ces derniers moments ont pris du temps. Par exemple, des amis proches sont venus à Paris pour un verre d’adieu, qui a débuté peu avant le crépuscule. Nous avons parlé, plaisanté, nous nous sommes remémorés des souvenir anciens et en avons partagé des récents, dansé et bientôt – après ce qui ne semblait pas plus de deux heures – le soleil s’est levé.

Enchaîner ces deux types de moments donné un rythme particulier à ces semaines. Dans le premier type je vivais comme dans un film en accéléré, courant d’un endroit à l’autre, chacune de mes mains engagée dans une tâche différente. Le second m’a fait traverser un éventail intéressant de sentiments dans un temps curieusement distordu : des heures paraissant des minutes, et des moments dont chaque seconde est maintenant un souvenir.

Je suis dans l’avion pour Hawaii et pour la première fois depuis longtemps, j’ai le temps de penser librement. Alors, quel effet cela me fait-il de m’isoler pendant un an? Commençons par le fait que je n’aurai pas de contact direct ni avec ma famille ni avec mes amis, puisque les souvenirs de nos adieux sont encore frais. En un sens, cette situation n’est pas tout à fait nouvelle. Mes projets m’ont emmené dans différents coins du Globe ; en fait, le dôme sera chez moi pour plus longtemps qu’aucun autre endroit depuis mon entrée à l’université. Mais cette fois, il n’y a aura pas la possibilité de sauter dans un avion, ni même décrocher un téléphone. Quand je reviendrai les gens auront changé et auront traversé sans moi des moments importants. Certains se seront mariés, d’autres auront démarré leur carrière, et des ventres arrondis se seront transformé en premiers enfants. Un effet secondaire intéressant lorsque vous passez du temps à l’étranger : où que vous alliez ensuite vous serez toujours, d’une certaine façon, un étranger. Même dans la ville où vous avez grandi.

Ensuite, il y a l’excitation. L’année que je m’apprête à vivre sera… particulière. Je travaillerai pour un objectif qui est, je pense, le plus significatif que je puis poursuivre en tant que scientifique. Et je vais le faire entouré de personnes fascinantes, avec un style de vie que je n’ai jamais expérimenté auparavant. Du coup, j’ignore comment je pourrais être affecté sur le plan psychologique. Cette expérience n’a pas été mise au point sans raison. Je ne m’attends pas à une catastrophe, puisque nous avons tous été soigneusement sélectionnés pour notre capacité supposée à supporter ce genre de situation. Mais la manière dont nous pensons pourrait changer avec le temps ; à quel point ? Nous l’ignorons. Je suis très curieux de découvrir les changements induits et je vais m’observer. Les changements pourraient être tellement progressif que je ne m’en rendrai même pas compte ; mais peut-être que vous remarquerez que mon écriture évolue?

Il y a d’autres choses qui m’enthousiasment, bien sûr. Je vais rencontrer de nombreuses personnes incluant des scientifiques brillants, des entrepreneurs passionnés, et tous les gens qui se sont portés volontaires pour faire partie de l’équipe de support. Ces derniers vont passer des heures, chaque semaine, à s’assurer que nous restons sains et performants.

Ensuite, je suis très curieux des résultats qui sortiront de nos projets de recherche. Ceux que nous avons conçus, et ceux pour lesquels nous jouerons l’humble rôle de cobaye. Ces derniers nous offriront l’opportunité d’utiliser des technologies très inhabituelles.

Enfin, il y a toutes ces choses que nous avons prévu d’apprendre pendant notre temps libre. Nous devrons peut être réduire cette liste si la mission n’est pas prolongée d’une dizaine d’années, mais nos ambitions pour le moment sont d’apprendre une nouvelle langue (le Russe en ce qui me concerne), à dessiner (et croyez-moi il y du travail avant que je puisse rivaliser avec un enfant de 5 ans), à jouer d’un instrument (harmonica, ukulélé ou guitare) et à danser la salsa. Alors oui, ce que je ressens est principalement de l’excitation.

La semaine prochaine sera la dernière avant que les portes du dôme ne se referment. L’entraînement sera intense, car nous avons beaucoup à apprendre sur la maintenance du dôme, sur les recherches que nous aurons à mener et sur quelques choses. Mais nous essaierons de profiter des plaisirs nous feront défaut dans le dôme : manger de la nourriture fraiche, se promener dans la nature, nager dans l’océan…

Et vous, que feriez-vous pendant la semaine qui vous sépare d’un an en isolation ?

20 thoughts on “What would you do before leaving Earth for a year?

  1. Yannick says:

    Good luck Cyprien. It’s a great experience, for the future of humanity! Keep us posted if you are allowed to share your experience on this blog once you are inside the dome.

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  2. Yannick says:

    Good luck Cyprien. It’s a great experience, for the future of humanity! Keep us posted if you are allowed to share your experience on this blog once you are inside the dome.

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  3. Aurelie Chiberre says:

    Hello Cyprien, je viens de tomber un peu par hasard sur un article decrivant ton aventure. Felicitations!! C’est un projet magnifique!! Maman et Philippe se joignent a moi pour te feliciter et te souhaiter bonne chance dans tes recherches et bon courage pour cette annee mouvementee qui s’annonce… hate de lire ton blog regulierement! On t’embrasse! Aurelie Chiberre

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  4. Filibert says:

    Bizarre ces études alors qu’il y aurait des bases humaines sur Mars depuis 1960 dans le cadre du Programme Spatial Secret (Voir les articles de Corey Goode et d’autres qui ont été en mission là-bas !). Le but doit être sans doute pour augmenter le budget de la NASA et faire croire qu’elle continue ses activités (Plus de fusées, juste quelques ravitaillements à la Station Spatiale, quelques satellites dans l’espace…) ?
    D’après ceux qui ont été sur Mars en moins d’une heure, on peut respirer sans équipement sur Mars mais avec une faible pression atmosphérique, les locaux sont en surpression pour un meilleur confort !
    Voir les divulgations sur : http://changera.blogspot.fr/

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    1. Pasckqal says:

      Pour renchérir sur Filibert, malheureusement ce programme secret a été abandonné pour deux difficultés techniques insurmontables.
      D’abord, atteindre Mars en une heure lorsque les deux planètes sont au plus proche (env. 60 millions de km) nécessitait d’accélérer une demi-heure à environ 1900 g, pour atteindre la vitesse d’un centième de celle de la lumière, plus de décélérer d’autant. Les liaisons entre le cerveau humain et le système sanguin ne supportant pas de telles accélérations, il fallait transporter les astronautes en deux colis séparés (la tête d’un côté, le corps de l’autre), et reconstituer le tout à l’arrivée : au bout de deux ou trois opérations on s’est aperçu qu’il y avait une nette déperdition, irréversible, des facultés cognitives.
      L’autre écueil technique est la fabrication du système respiratoire, sur le principe des branchies, qui permettait de transformer le dioxyde de carbone en oxygène : pour des raisons fondamentales (liées à la stroechiométrie) donc insolubles, la transformation ne peut pas être complète et les astronautes ont tous été intoxiqués au monoxyde de carbone (il y a eu un rapport secret à ce sujet).

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  5. Petra says:

    Cyprien, good luck and I hope you discover a lot about yourself in the year to come. I’ll be following you and a crewmate with interest, wondering what if…. As for what I would do before leaving for a year-eating fresh fruit, cutting my grass in small patches, just to smell that smell and kissing my family!

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  6. Henri says:

    J’arrive sur ton blog un peu par hasard, au fil d’articles sur des journaux divers.
    Merci pour ce que tu fais. Vos sacrifices nous font evoluer en tant qu’espece!
    Je vais suivre tes ecrits avec un interet tout particulier. Petite question, comment vas tu faire pour apprendre la salsa dans le dome? J’ai lu quelque part que ce serait tout, tout petit…
    Autre chose, pourras tu lire les commentaires de ton blog?
    Et enfin, pourquoi ne pas communiquer avec ta famille et tes amis? Sur une base sur Mars, ce ne sera pas possible? Si un jour il y a une mission vers la bas, on ne pourra pas avoir des photos regulierement, des videos etc, comme les astronautes de l’ISS le font actuellement?
    Merci!

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    1. Cyprien Verseux says:

      Bonjour Henri !
      Merci pour vos encouragements.
      L’un des membres de l’équipe, Christiane, est une excellente danseuse et nous servira d’instructeur. Effectivement la place manque, et des collisions fréquentes sont à prévoir ! Un bon entraînement pour les salles de danse bondées.
      Je peux lire les commentaires de mon blog, qui fait partie des quelques sites qui nous seront transmis. Sur Mars il y aura un délai de transmission pouvant aller jusqu’à une vingtaine de minutes. On pourra donc envoyer des photos, vidéos et emails, mais pas avoir de communication directe.

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    2. Marion says:

      Sacrifices? Pourquoi sacrifices? Pour ma part, je considèrerais cette expérience, au-delà de l’aspect scientifique, comme une espèce de voyage initiatique, une sorte d’exploration de soi dans un cadre un peu particulier. Et cette année aura peut-être plus d’impacts sur les 6 volontaires que s’ils étaient restés dehors.

      Cyprien, j’arrive moi aussi un peu par hasard et je vais suivre ce blog avec grand intérêt!!

      Bon voyage!

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  7. Sara-Louise says:

    Good luck Cyprien ! Je suis une expat française et je viens de découvrir ton aventure à travers les infos. Je te souhaite bon courage avec la salsa et le russe !! Étant donné qu’on a le même âge c’est une inspiration de voir quelqu’un s’embarquer dans une aventure aussi fascinante. J’espère que l’expérience sera enrichissante 🙂

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  8. Blossom says:

    Bonjour Cyprien!
    Très intéressant ce blog… I’m definitely following your blog to learn more about this research and adventure. May you have the strength, patience and kindness to share about your life in isolation. I would like to call it an opportunity for meditation and reflection on the value of humanity and our purpose in this universe. Bon courage!!! 😊

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  9. Petia Nikolova says:

    With an accidental stumble of an article about the mission, I was forwarded to you & your co-worker’s blogs. I am so, extremely excited to read more.
    Especially because the website is Whitelisted & your mission has begun.

    A post with 15 comments, surprises me. And even though I wish for more people to find out about this, I’m glad that the community on here is still relatively small – compared to what it could be, or what it could become.

    Technically, we’re still on the same continent. -said a girl in Kentucky.
    Keep it up.
    I love reading your posts.
    And by the way, your English, is impeccable.

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  10. Petra says:

    Cyprien, have you got into a sort of routine there? What personal items did you take in with you and if you ever had to go to Mars, what do you think you would take with you. Also, out of curiosity, the movie based on the book The Martian is out now. Did you read the book? I hesitated to ask but since you still have a firm foothold in Earth’s gravity I think it would be okay….Say hi to all!

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    1. Cyprien Verseux says:

      Hello Petra,

      Every day is different but yes, we started to take habits.

      I didn’t bring much personal items: a camera, headphones, clothes, a Mars hologram postcard from my little sister, a hat, an ebook reader, some Russian learning material and a ukulele. Pretty much the same as I would take to Mars.

      Yes, I have read The Martian a few months before leaving and I much enjoyed it. And I interviewed the author: https://walking-on-red-dust.com/2015/09/17/interview-with-andy-weir-author-of-the-martian/

      Cheers!

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